Humour noir, très noir. Parfois aux frontières du fantastique, même quand il prend sa source dans la réalité la plus quotidienne. Les dessins de Gruet sont toujours drôles, souvent grinçants, parfois très inquiétants. La poésie n'est pas absente de cet album, ni la tendresse. Comme cette extraordinaire série sur la main d'un noyé qui sort de l'eau (Gruet parait hanté par les mains) et qui rencontre une autre main, féminine celle-là; les deux finiront par s'enlacer. L'album fourmille de trouvailles semblables. Gruet a mit au point (sans suspension) une manière très personnelle pour exprimer un humour qui ne l'est pas moins.

   Gruet nous joue un nouveau tour mais cette fois c'est un Tour de France, rien de moins. Les géants de la route sont dans la montée de l'Aubisque, ou dans un contre la montre. Roue dans roue, sans roue parfois, perdus en peloton dans la nature, suspendus avec les vélos dans la voiture-balai. Mais Gruet aime les coureurs, et sa caricature n'est pas malveillante. On sent la tendresse sous le coup de patte." Il a dû être malheureux le petit garçon qui n'a pas rêvé un jour de gagner le Tour de France", notait Jacques Grello. Gruet a placé la formule en exergue de son album, et l'on devine qu'il est toujours plus ou moins ce petit garçon. Les dessins se passent pour la plupart de légende, ils parlent tout seuls.

   Bien que soit répandu l'adage comme quoi il vaut mieux s'adresser au bon dieu qu'a ses saints, le respect de la voie hiérarchique s'avère parfois , sinon plus bénéfique, assurément plus rapide. De plus , si l'existence de Dieu reste à démontrer, celle des saints, à quelques exceptions près, est indiscutable, ce qui leur confère un avantage non négligeable. Certes depuis la découverte du silicone, il y a lieu d'être prudent, mais pourquoi cacher ces saints que nous ne saurions voir.